THEME : LA CULTURE DE LA SOLIDARITE,
      FACTEUR DE COHESION ET D’EFFICACITE

INTRODUCTION
Un regard synoptique sur l’évolution de notre société permet de relever la perte d’un certain nombre de valeurs dont la solidarité qui a permis de bâtir des nations fortes. La Côte d’Ivoire, autrefois havre de paix qui a même confiné cette valeur dans sa devise et l’a inscrite fièrement dans son hymne national << pays de l’hospitalité…En forgeant unis… la patrie de la vraie fraternité…>> (1) semble avoir rompu avec sa tradition en raison des crises qui la secouent depuis deux décennies. Vu la nécessité d’un retour aux valeurs fondamentales de solidarité, la Jeunesse Etudiante Catholique de Catholique de Côte d’Ivoire (JEC-CI) se sent investie d’une mission : celle de contribuer au renforcement et à l’enracinement de la solidarité. En quoi la culture de la solidarité peut-elle être salutaire dans une Côte d’Ivoire où l’individualisme gagne du terrain? Avant d’y répondre, il apparaît nécessaire d’évoquer les raisons de l’effritement de la solidarité sans toutefois omettre d’en présenter les implications puis montrer, pour finir, les bienfaits de la solidarité en tant que facteur de cohésion et d’efficacité.

I- CONSTAT ET INCIDENCES DE L’EFFRITEMENT DE LA SOLIDARITE
La solidarité est un lien fraternel qui oblige tous les êtres humains à s’accorder une aide mutuelle. Ce noble sentiment de solidarité s’est affaibli en Côte d’Ivoire et ce, pour diverses raisons. L’on n’en retiendra que trois: les raisons d’ordre social, politique et religieux.

A- AU NIVEAU POLITIQUE
La colonisation apparaît à tous égards comme le premier facteur qui a fragilisé le tissu social. En effet, la création de frontières entre les Etats et le découpage en administrations territoriales a entraîné la séparation de communautés qui, autrefois, partageaient le même espace géographique et bouleversé toute l’organisation politique en place.
En outre, l’avènement du multipartisme en Côte d’Ivoire et sa mauvaise appréciation ont fait voler en éclats les foyers autrefois paisibles et hospitaliers. Aussi, les violences souvent inutiles ont-elles régulièrement troublées l’apparente quiétude qui régnait et favorisé l’avènement d’un type nouveau d’individus en Côte d’Ivoire, adeptes de l’intolérance et de la violence gratuite.
 De plus, les choix politiques souvent étrangers aux populations ont développé l’individualisme, fils du capitalisme, qui célèbre la recherche du profit au détriment de l’homme.
La crise armée qu’a connue la Côte d’Ivoire en 2002 se présente donc comme la résultante des nombreuses déchirures et contradictions internes mais également comme la matérialisation du malaise profond qui a fissuré le tissu social.
B- AU NIVEAU SOCIAL
Les effets pervers de l’urbanisation accélérée des zones rurales ont affecté les habitudes des populations. En effet, l’urbanisation offre des infrastructures aux populations, ce qui est source de développement. Mais dans le même temps, cela occasionne de nombreux revers :
- l’éclatement des cellules familiales (l’érection de clôtures, l’assistance mutuelle difficile, l’individualisme),
- l’institution de nouvelles charges (factures d’eau, d’électricité, dépenses d’alimentation…),
- le développement de l’insécurité (vol, délinquance, viol)
- la naissance d’un sentiment de méfiance (manque d’enthousiasme pour l’hospitalité),
- Mutations profondes des cultures locales sous l’influence de la civilisation occidentale (contestation de l’autorité parentale, développement de la prostitution et de l’homosexualité, influence des média).
Depuis l’avènement du multipartisme en 1990, un sentiment de méfiance et de suspicion gagne du terrain en Côte d’Ivoire. Dans tous les secteurs d’activité socioprofessionnelle, les gens sont sur la défensive. Ils ont peur de s’ouvrir, de communiquer avec les autres car l’autre est désormais pour lui " un étranger ".

C- AU NIVEAU RELIGIEUX
Devant l’érosion de la solidarité au niveau national et la fébrilité de l’Eglise à maintenir la flamme de la solidarité en dépit de nombreux sacrifices qu’elle consent au quotidien ; les mouvements et associations, singulièrement la JEC, n’ont pu faire mieux. Bien au contraire, ses fondements ont été sapés : absence de subventions, cavalerie solitaire dans la recherche de solutions aux problèmes de l’école, exacerbation de l’indiscipline, non respect de la hiérarchie, hospitalité laconique, etc. Tout ceci a plombé la JEC dans ses actions en faveur du rétablissement des valeurs sociales à l’école. Pis, la JEC assiste au fil des ans à l’abandon du travail en équipe et au manque d’union devant des mesures qui touchent à la bonne marche du mouvement (paiement par les Bureaux Diocésains de 5.000FCFA au profit des diocèses de la zone C.N.O, la réaction très timide des jécistes quant à la caisse de solidarité).
Les gestes les plus élémentaires sont en voie de disparition. L’hospitalité légendaire a fait place à une tiédeur sans précédent dans les relations intersubjectives. De plus, la prolifération de nouveaux lieux de culte et l’exode massif vers ces endroits témoignent de la détérioration de la vertu de solidarité dans l’Eglise.
Au regard de ce qui précède, les raisons de l’effritement de la solidarité sont nombreuses et leurs incidences constituent une menace pour la cohésion. Mais y demeurer ne serait-il pas suicidaire pour la Côte d’Ivoire?
 
II- LA CULTURE DE LA SOLIDARITE, OUTIL DE COHESION ET D’EFFICACITE
La solidarité en Côte d’Ivoire se présente aujourd’hui comme un idéal. Sa quête n’est pas aisée en raison de la complexité de l’homme, mais également au regard de la situation sociopolitique qui prévaut. Pourtant, son retour tant espéré s’annonce comme un gage de cohésion et d’efficacité.

A- LA SOLIDARITE, FACTEUR DE COHESION SOCIALE
La vie communautaire avant la crise économique ivoirienne des années 1980 a montré que la solidarité, au cœur de la pensée des citoyens, conduit inexorablement à la cohésion sociale, à l’entraide, à la fraternité, à l’hospitalité et à l’union. L’on pouvait remarquer que les différends étaient rapidement résolus parce que le souci cardinal était la préservation de la cohésion sociale. Par exemple, quand une dispute éclate entre deux familles, les notables se réunissent pour trancher les différends. Ils pouvaient mettre en relief l’union sacrée des fils ou exploiter les alliances interethniques. Il y a donc au-delà du lien de fraternité, un devoir de frère à faire valoir (2).
 
B- LA SOLIDARITE, BASE DE L’EFFICACITE D’UNE SOCIETE
A la notion d’efficacité, qu’il faut apprécier comme le résultat d’efforts conjugués, il convient de rattacher les concepts de succès, de développement vrai et durable mais également de réalisation de soi. La solidarité permet d’atteindre la plupart de ses objectifs, même si trivialement le langage usuel et populaire affirme que <>, il importe de reconnaître que la solidarité s’apparente au levain qui permet de réaliser des merveilles. Par exemple, la civilisation sénoufo donne de voir un peuple soudé, uni et volontaire dans la réalisation des travaux champêtres. En pays Krou, le peuple manifeste sa solidarité lors de la construction d’une case à travers réjouissances et travail acharné.
 
C- LE ROLE DE LA JEC DANS LE RENFORCEMENT DE LA CULTURE DE LA SOLIDARITE
L’avenir dit-on appartient à la jeunesse. Mais les réalités actuelles montrent que c’est la jeunesse qui bâtit elle-même son propre présent.  Il appartient donc au jéciste de :
- Prendre conscience du mouvement auquel il appartient et y jouer son rôle ; Car selon Renouvier, au sein d’une association <<> (3). C’est dire que l’association demeure un cadre d’expression et de matérialisation de la culture de la solidarité. Il y a donc lieu de s’y investir sans réserve C’est pourquoi le travail en équipe doit être exécuté avec un minimum de responsabilité en vue d’offrir au groupe le meilleur de soi-même.
- Offrir l’hospitalité vraie ;
L’hospitalité est une recommandation biblique : <> (1 Pierre 4, 9). Ce qui suppose un accueil enthousiaste des personnes qui nous visitent et qui implique de fait, respect, considération mais surtout création d’une atmosphère familiale à laquelle <> souscrit. Malheureusement, de moins en moins, cela se constate dans les sections. Il conviendra de ce fait, entre autres, de bien accueillir les nouveaux jécistes, de les visiter, de les entourer de notre affection et de les impliquer dans la marche du mouvement.
- Préserver les rapports interhumains ;
Il s’agit de privilégier et de ne mettre au cœur des relations que l’homme. Quel que soit son statut, son rang social, son apparence, il ne faut jamais perdre de vue que c’est un autre Dieu car <>. Préserver de bons rapports est donc indispensable à la prospérité de la solidarité. Les aînés au niveau académique ont le devoir d’encadrer et d’assister les plus jeunes.
- Etre apôtre de la solidarité ;
<< Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde>> (Mathieu 5, 13-14). En tant qu’élève ou étudiant chrétien, il appartient au jéciste de semer autour de lui la graine de la solidarité et de l’amour. C’est pourquoi, il doit intégrer les mutuelles de développement et agir comme <> (Luc 10, 25) en portant secours et assistance aux personnes en détresse.

CONCLUSION
Le tissu social en Côte d’Ivoire est mal en point et les liens de solidarité  sont fortement éprouvés. Bien que sa restauration reste une œuvre quotidienne, il appartient à tous, à quelque niveau de responsabilité qu’il se trouve d’y travailler. C’est un vœu caressé par le peuple ivoirien qui l’a même exprimé dans sa constitution d’Août 2000 en son préambule, alinéa 2, <>. La JEC de Côte d’Ivoire, consciente de cet appel, a pris son bâton de pèlerin pour contribuer au rétablissement de la culture de la solidarité, seul gage du progrès économique et social de toute nation. Vivement que toutes les entreprises de renforcement de la solidarité soient marquées de sincérité afin que définitivement cette page noire de l’histoire de la Côte d’Ivoire ne soit plus qu’un souvenir lointain.

ANNEXES
(1) Hymne national da République de Côte d’Ivoire
(2) Plénière des Etats généraux de la solidarité Page 5-6
(3) Plénière des Etats généraux de la solidarité Page 7

Bibliographie
- Constitution ivoirienne d’Août 2000, Préambule, Alinéa 2.
- L’hymne National de la République de Côte d’Ivoire.
- La Bible Des Communautés Chrétiennes.
- Plénière des Etats Généraux de la Solidarité : «  Reconstruire le capital solidarité pour le développement durable dans une Côte d’Ivoire Post-Crise », Mars 2008.
- Le Petit Larousse Illustré en couleurs, 1999.                                                     
 

 
Ce site web a été créé gratuitement avec Ma-page.fr. Tu veux aussi ton propre site web ?
S'inscrire gratuitement